Quels sons fabrique-t-on, et quels sons entend-on à Bruère-Allichamps ? Comment l'ensemble des sons, qu'ils soient l'effet du travail ou la signature de la nature, la trace de la mémoire ou l'indice des relations humaines, dessine-t-il une appartenance commune à un territoire partagé ?
Comment les sons construisent-ils ce territoire autant qu'ils le révèlent ?
Chaque page de ce site répondra à ces questions. Bonne navigation !
La Bibliothèque de sons vous permettra de réentendre, de mieux comprendre, et peut-être de mieux apprécier les différents sons des lieux où l'on vit, aujourd'hui, à Bruère-Allichamps.
Cour d'école
Adresse / lieux-dits : Place Louis-Margueritat, Bručre
Dans toutes les écoles du monde, la « cour de récréation », ou ce qui en tient lieu, est un haut-lieu de création collective et d’improvisation sonore. Elle est aussi le lieu d’une parenthèse temporelle, où les sons montrent une liberté d’autant plus grande qu’ils sont maîtrisés durant les moments de l’étude. Mais cette liberté n’y est jamais totale : elle s’inscrit dans une tradition marquée par l’âge des enfants, par l’histoire de l’école, par le type de territoire sur lequel celle-ci est implantée. Aussi la récréation est-elle le plus souvent une re-création, à partir d’un « vocabulaire » préétabli et sans cesse réorganisé au gré de la fantaisie des enfants.
L’école de Bruère-Allichamps n’échappe pas à cette loi, comme l’illustre cette séquence sonore.
On n’enferme pas les sons : la cour est un « intérieur-extérieur », dont les frontières sont franchies dans les deux sens. On y entend le son du village, et le village entend le son de son école. Un village dont l’école a fermé se rend compte brutalement qu’une part de sa vie s’en est allée, car le silence est lourd, alors, de tout le bruit qu’on entendait sans même y prêter garde.
Le son de l’autocar apporte avec lui les sons de villages dont l’école a fermé. C’est un son d’interface et de transition, qui marque les heures aussi régulièrement que les cloches dont Bruère est dépourvu.
Une fois passée la grille, la vie de la cour est marquée par deux grandes familles de sons : les voix, et les jouets (principalement des tricycles dont l’école s’est dotée). Ces deux catégories fusionnent, s’appelant l’une l’autre, et leurs timbres ne font qu’un, autour de ces objets qu’on se dispute et dont les roues grincent. Il en résulte un paysage sonore dispersé, et, comme on pourrait s’y attendre, en perpétuel mouvement, à la fois latéralement et en matière de proximité-éloignement.
Les voix font entendre des registres très variés, où dominent les fréquences aigües et que se partagent les rires, les cris, et quantité de « paroles en miettes ». Quand le plaisir de se servir de sa voix l’emporte sur le sens des mots, la musique n’est pas loin.